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Trias

Chronologie

 

Créé par Friedrich August von Alberti en 1834, le Trias doit son nom au fait qu'en Allemagne il est représenté par une séquence de faciès en trois termes.

Deux échelles stratigraphiques subsistent, l'une correspondant à la séquence de faciès germanique définie dans les bassins épicontinentaux d'Europe moyenne, l'autre correspondant à la séquence alpine définie dans ce qui va devenir le géosynclinal alpin. Grâce à divers passages de faciès, une équivalence a pu être établie entre les deux échelles.

D'une durée d'environ 50 millions d'années, la Trias est le plus court des trois systèmes du Mésozoïque (Secondaire) : il se développe de –251 millions d'années à –199,5 millions d'années

Stratigraphie

 

La série provençale est divisée en niveaux incompétents* marno-évaporitiques et en unités calcaires compétentes. Du fait de ces dysharmonies tectoniques il est difficile d'établir des coupes continues du Trias. Cependant, des coupes synthétiques ont été réalisées dans la région de Toulon (Caron, 1967), et dans la région de Draguignan (Brocard & Philip, 1989).

 

​* S'applique aux couches les plus plastiques dans une série stratifiée déformée, et qui donne des plis de plus petit rayon de courbure que les couches moins plastiques, ce qui entraîne des disharmonies. Opposé : compétents.

Principaux affleurements

 

Les principaux affleurements de Trias en Provence sont localisés en bordure de la dépression permienne qui ceinture les massifs des Maures et de L'Estérel et les régions de Barjols, de Roquevaire, de la Roquebrussane et de Toulon.

Ces affleurements s'organisent de façon particulière en zones déprimées, parfois obliques par rapport à leur cadre montagneux : on parle d'arcs ou de bandes triasiques.

Paléogéographie

 

Une longue lacune, (plusieurs millions d'années) sépare la fin du remplissage des bassins permiens et le début de la transgression triasique. La reprise de la sédimentation a lieu au début du Trias avec des épandages fluviatiles. Les galets éolisés du poudingue, de Port-Issol et les pseudomorphoses de sulfate de calcium traduisent des conditions d'aridité.

La transgression Aniso-Ladinienne amène des conditions de mer peu profonde, avec dépôts de calcaires.

À la fin du Trias une importante régréssion conduit au retour de dépôts lagunaires évaporitiques.

En Provence, la transgression du Trias moyen correspond à l'envahissement par la mer d'une plate-forme continentale. La sédimentation est d'abord argilo-carbonatée puis évaporitique (gypse, anhydrite).

La plate-forme provençale s'affirme au Ladinien avec développement d'une sédimentation carbonatée qui ménage néanmoins localement des dépôts de sulfates (sulfates de calcium). Le milieu est franchement marin avec algues, brachiopodes, échinodermes, lamellibranches, foraminifères et conodontes.

Au Carnien la plate-forme est partiellement isolée du bassin sud alpin ; il y a accumulation de gypse, d'anhydrite et de halite,. Des grès à roseaux viennent coiffer le toit de l'ensemble évaporitique des grès.

Le Rhétien voit le retour des faciès marins.

Épisodes volcaniques

 

Des levés de coupes détaillés dans l'arc de Barjols (Caron, 1970) et la région de Méounes ont permis la mise en évidence de niveaux volcaniques (basaltes) interstratifiés dans le Muschelkalk.

Ces roches volcaniques, largement répandues dans la partie méridionale de l'arc de Barjols, sont le témoin d'une phase éruptive au cours du Trias dont l'importance a été longtemps méconnue.

Une datation absolue par la méthode au Potassium-Argon d'un échantillon de lave non altérée à donné un âge de -224 millions d'années ±9.

Les niveaux volcano-détritiques associés à ces laves, mettent en évidence une phase d'érosion contemporaine de ce volcanisme.

Cette reprise d'érosion a localement atteint le socle hercynien. en donnant naissance à des sédiments détritiques grossiers (conglomérat à galets de phyllades et de quartz des Laurons).

Tectonique

 

Du fait de l'existence de ces terrains plastiques (argiles, gypse, anhydrite) le Trias de Provence constitue le niveau de décollement des nappes provençales, lors des mouvements de compression tectonique à l'Eocène supérieur (phase pyrénéo-provencale).

C'est Marcel Bertrand (1887) qui fit la découverte des chevauchements provençaux en comprenant le rôle qu'avait joué le Trias dans le décollement de la couverture.

Géologie appliquée

Exploitation du gypse

 

Le gypse est un sulfate de calcium hydraté de formule SO4 Ca, 2 H2O. Lorsque l'on chauffe modérément les cristaux de gypse (70 °C à 95 °C) une partie des molécules d'eau peut quitter le réseau cristallin, on obtient alors « un semi-hydrate ». Le gypse en tant que matériau a une importance considérable dans la construction et une importance moindre en agriculture où il est employé pour les amendements. Il est utilisé pour la préparation du plâtre à mouler, du plâtre de construction fin et gros, du plâtre pour agglomérés (plâtre à carreaux) et de plâtres spéciaux entrant dans des emplois divers, enfin il entre dans la préparation des ciments.

Le gypse est principalement exploité dans le Keuper et accessoirement dans le Muschelkalk. Les gisements sont formés par des bancs d'anhydrite et de gypse qui se sont déposés dans des bassins marins ou en liaison avec la mer, par suite de conditions physico-chimiques favorables. L'anhydrite se transforme en gypse par hydratation superficielle.

Les gypses triasiques de la région d'Allauch, de Pichauris, du vallon de Saint-Pons et de Roquevaire ne sont plus exploités depuis longtemps. Celle de Pont de Joux fut l'une des dernières en activité : un gypse gris, assez impur, remanié y était exploité en front de taille ou en galeries.

Exploitation du cuivre

 

Le cuivre associé au plomb a été exploité autrefois au sud du Pradet dans le gisement de Cap-Garonne.

L'ancienne mine de cuivre de la Garonne est sans aucun doute un des gisements les plus célèbres de Provence. Sa notoriété, en France et à l'étranger, tient à la diversité et à la rareté des espèces minérales identifiées – une soixantaine à ce jour.

La minéralisation est liée à une couche sub-horizontale de grès et conglomérats blancs à dragées de quartz qui appartient au Trias basal et qui couronne la colline de la Pointe du Bau Rouge et celle du Fortin de Gavaresse ; elle forme une auréole de petites falaises bien visibles dans le paysage par leur blancheur avec la couleur rouge des grès et pélites du Permien sous-jacent.

La couche contenant la minéralisation a une épaisseur de 0,5 à 8 m ; la zone métallifère se dispose à sa base ou dans sa partie médiane sur une épaisseur variant de 0,5 à 1,2 m. Le minerai de cuivre se présente pour l'essentiel sous forme de chalcosine – des concentrations de galène sont également présentes.

À proximité est, le filon de la colle Noire renfermait également des traces de cuivre.

Historique de la mine

  • 1857 : début de l'exploitation du cuivre.

  • 1917 : arrêt définitif de l'exploitation du cuivre.

  • 1933–1956 : grâce à son climat humide et tempéré, la mine de cap Garonne devient une champignonnière. Elle fonctionne par intermittence. La mine est livrée au pillage. Si elle ne contient plus de cuivre, elle recèle en effet une extraordinaire richesse : plus d'une centaine de micro-minéraux dont les minéralogistes du monde entier connaissent l'intérêt scientifique.

  • 1984 : les trois communes propriétaires des lieux (le Pradet, la Garde et Carqueiranne) se constituent en syndicat intercommunal et décident de fermer la mine pour faire cesser le pillage, mais aussi pour des raisons de sécurité.

  • 1990 : réalisation de travaux intérieurs. La décision est prise de réaliser un parcours de 300 m et des salles d'exposition à l'intérieur de la mine.

  • 9 juillet 1994 : le musée de la mine est inauguré.

 

Pour en savoir plus sur la mine de la Garonne : http://www.mine-capgaronne.fr/

Faciès du Trias

Imprégnation de sulfure de cuivre dans les grès du Cap Garonne

Fossiles du Trias

 

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Bibliographie

 

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